BHALIL : Photographies Anciennes d'un Village au Maroc

BHALIL. Anciennes photos de Bhalil - Probablement sur plaques de verre - Début 20^ème siècle

BHALIL EN PHOTOS ANCIENNES (1)

🔹 Des photos en noir et blanc datant probablement de la même époque que les cartes postales, ont été publiées à droite et à gauche sur internet. Je n'arrive pas à savoir qui les a prises ni de quelle année elles datent. Je les ai juste remise en forme avec Affinity Photo pour qu'elles soient plus présentables dans ce site. Dépoussiérage, retouchage, ajustement lumière, découpage des parties inutiles, encadrement etc... Bhalil Village mérite quelques efforts supplémentaires !

🔹 Les inscriptions d'origine à côté des images n'apportent guère de renseignements supplémentaires. A part qu'il s'agit de Bhalil (Bahlil pour le photographe qui a pris ces photos) : un village étagé dans une faille du Jbel Kandar et que la source de la photo n°5 forme l'oued Chegaga. Personnellement, je n'ai vraiment jamais vu un quelconque oued couler dans la vallée centrale entre les 2 falaises. Sauf quand il y avait la crue. C'était dans les années 60. Par ailleurs, des espèces de références indéchiffrables sont inscrites sur le côté des photos. Je ne sais pas ce que c'est. Je vous renvoie sur les images d'origine, non retouchées pour les plus doués en déchiffrage ! Il s'agit de 7 clichés. Vu que ces images se présentent chacune en double, je pense qu'elles ont également été prises avec un vérascope Richard : ➀ - ➁ - ➂ - ➃ - ➄ - ➅ - ➆ . Une enquête est donc ouverte pour trouver des indices et des pistes de recherche pour élucider le mystère de ces symboles et surtout pour trouver le nom du photographe (coupable) qui a pris ces photos et en quelle année. Pour le cliché n°8, il semble qu'il date de 1925 (référence et source en bas et à la fin du paragraphe ci-dessous).

BHALIL EN PHOTOS ANCIENNES (2)

Pour continuer cette série mystère, il y a encore des clichés n°9 , 11 et 12 , dont les auteurs et les dates semblent inconnus.

🔹 J'aime bien le cliché n°9 avec le pont central en bois et la mosquée d'Aghezdis sur la falaise nord. En comparant ce cliché avec les 3 photos précédentes de 5 à 7, on se rend compte que la photo n°9 est plus récente. La mosquée est présente sur cette dernière photo, alors qu'elle ne l'ai pas sur les 3 précédentes. Pour les 2 clichés n°8 et 9, voici un article du 21 novembre 2019 dans lequel se trouvent ces 2 photos avec quelques indications : Notes sur les légendes et l’histoire de Sefrou et de sa région. Concernant la photo n°12, je ne l'ai pas trouvée en noir et blanc. Les couleurs ont été probablement ajoutées par la suite. Cependant, il est possible que le toit de la mosquée d'El Khandaq avait des tuiles couleur terre et non verte comme c'est le cas actuellement.

BHALIL AU MUSÉE DE PHILADÉLPHIE (USA)

🔹 La photo n°13 (que vous ne voyez pas ici mais que vous allez découvrir) n'est pas libre de droit. Elle est protégée par un copyright (je ne sais pas si j'ai le droit de l'introduire dans ce site !). C'est une photo de Bhalil en 1962 du photographe Paul STRAND (Américain 1890 - 1976). Elle est visible sur le site du musée de Philadélphie au États Unis. Je ne suis pas arrivé à identifier exactement l'angle de prise de vue de la photo. Mais je pense qu'elle est prise de Jnane Sghir (là où se trouve actuellement l'école primaire Moulay Rachid). Beaucoup d'indices vont dans ce sens : la décharge publique et locale d'Aghezdis à cette époque, les constructions sur les 2 falaises, l'entrée de la maison de ma tante, etc... Je vous laisse admirer cette photo n°13 en direct du : Musée de Philadélphie aux USA.

BHALIL ET LA CRUE DE SEPTEMBRE 1950

🔹 La photo n°10, représentant la mosquée d'El Khandaq, a été prise vers 1930 par le service photographique de la résidence générale du Maroc (Protectorat). Devant la mosquée centrale, il y avait des peupliers dont certains sont restés debouts très longtemps avant d'être abattus... Au pied de la mosquée, là où se trouve actuellement les toilettes publiques, on voit ce qui ressemble fort à un bain public avec ses toits courbés et ses cheminées. Ce qui confirme l'hypothèse selon laquelle le premier bain public de Bhalil se trouvait bien à cet endroit. Avant d'être reconstruit quelques mètres plus loin. En arrière plan de cette photo, on reconnait la falaise de Aïn Gzal sur les hauteurs de la source du même nom. Quant à la source de la photo elle même, on peut la retrouver sur ce site : Amicale des anciens de Fès (adafes)

🔹 La photo n°11 représente le centre de Bhalil avant la crue de 1950. En effet, le bâtiment central qui se trouve au milieu de l'image semble bien être le bureau de poste (PTT) qui a été emporté par la crue de 1950. Cette crue, qui a touché Sefrou, Bhalil et la région, a été considérée comme une catastrophe par les journaux de l'époque. Selon la presse écrite, les dégâts étaient considérables. Une centaine de morts à Sefrou. A Bhalil, presque tous les édifices publics ont disparus. Un gouffre a remplacé la pittoresque place du village. Le coffre des valeurs de la poste a été trouvé à 800 mètres ! l'agent postal a été sauvé de la noyade in extremis. Malheureusement il avait tout perdu. En creusant un peu plus dans les archives de la BNF (Bibliothèque Nationale de France) à Paris, on se rend compte qu'on venait à peine d'installer l'automatique rural au poste des PTT de Bhalil en 1950.
Le directeur du centre scolaire, surpris par la crue entre Bhalil et Sefrou, alors qu'il était en voiture avec sa famille, a pu être sauvé. De nombreuses têtes de bétail ont péri, à l'attache ou emmenées par les eaux. L'ensemble des dégâts est évalué à 40 millions environ. Aucun décès n'est à déplorer. La crue a réservé le même sort au lavoir, à la fontaine publique et à l'ancien bain public. L'huilerie a été endommagée mais a continué à fonctionner.

🔹 Par ailleurs, il semblerait que les 2 salles qu'on voit en bas et à gauche de la deuxième photo sur plaque de verre, correspondent à l'ancienne école ou centre scolaire de Bhalil. Par la même "occasion" ou catastrophe, ces locaux ont été emportés par les eaux. Le seul bâtiment public qui n'a pas été emporté est la grande mosquée car non construite au milieu du ravin. Mais quelle idée d'avoir construit le reste des bâtiments au milieu et au fond du ravin !
Vu l'absence de victimes humaines, on dirait qu'il n'y avait pas ou plus d'élèves dans l'ancienne école. L'école musulmane de Bhalil (école Al Wahda) a été contruite en 1920 dans le quartier Msila. C'est à dire bien avant et plus loin. Ceci explique peut-être cela. Mais d'autres explications restent possibles : jour férié (WE, vacances etc...), crue nocturne ou très tôt le matin, etc...

🔹 Quant à la présence de l'agent postal, peut-être qu'il faisait l'ouverture, ou qu'il logeait dans le bureau de poste. En tout cas on n'a pas l'impression qu'il y avait foule au bureau de poste ce jour là. Personne non plus ne semble avoir été en train de prendre son bain dans le hammam public ! Parmi toutes ces suppositions et hypothèses, et après enquête ou plutôt lecture de quelques journaux qui ont écrit sur cette affaire de crue, une certitude apparait clairement : ça, s'est passé le lundi 25 septembre 1950 dans l'après midi.

🔹 Un détail de l'histoire : pendant des décennies il restait une trace de l'ancienne école sur le mur externe de ce qui ressemble actuellement à un transformateur éléctrique semi-enterré à côté de la grande source. Cette trace semble avoir disparu lors du dernier aménagement d'El Khandaq en 2022.

🔹 Juste après le classement du site de Bhalil, la crue de 1950 a provoqué beaucoup de dégâts matériels. Le centre historique a été défiguré. Paradoxalement, cette crue semble être à l'origine des décisions de l'époque qui ont abouti au remodelage du centre historique de Bhalil. Réaménagement du ravin, construction des petits ponts, déplacement de la grande source, construction du dispensaire, déplacement du bureau de poste, construction des toilettes publiques et du nouveau bain public, installation du pavé etc...

🔹 En comparant la photo n°9 avec la photo n°11, et à la lumière de ce qui s'est passé en 1950, on a vraiment l'impression que la première photo a été prise après la crue de 1950. Alors que la deuxième photo a été prise avant le crue. Remarquez que sur les 2 photos la mosquée d'Aghezdis est présente (contrairement à la photo n°5). Mais que le centre historique a changé de visage. Et pour cause !

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