BHALIL by Night : calme en hiver mais plus animé en été - Copyright © 2023
Janvier 1988. Il est 19h00 et les cafés commencent déjà à se vider. Les gens rentrent chez eux. Évidemment qu'il faisait froid. A 20h00, il n'y avait pas un chat dehors. C'est ce moment précis que j'avais choisi pour sortir dehors et faire un tour. Très intéressant de voir Bhalil by night. Bon d'accord, quelques effets spéciaux avec filtres numériques, des années plus tard, et l'on obtient le résultat des deux photos en bleu. Un bon conseil : ne jetez jamais vos vieilles photos un peu ratées. Avec la technique, on peut toujours en tirer quelque chose. J'ai toujours trouvé que si l'on veut vraiment profiter du silence dans le village, c'est bien en hiver et le soir qu'il faut sortir. Silence total. On peut en profiter pour se balader comme un fantôme au village. L'autre alternative, c'est de sortir bien sûr en été. Mais en plein soleil, au milieu de l'après-midi. Beaucoup de gens dorment après le repas de midi. Mais il ne faut pas oublier de se couvrir la tête et de prendre une petite bouteille d'eau pour s'hydrater. Ça tape fort ! Bref, le village est plus calme le jour. Un peu moins le soir et la nuit. Mais tout est relatif. Dans la journée, le bruit dérange moins, alors que pour dormir, on a besoin de plus de calme.
Les cérémonies du mariage à Bahlil - Communication
HESPERIS 1921 - Tome1, 3ème trimestre, pages : 337 à 342
🔵 INTRODUCTION : Henri BASSET
🔹 M. Houcein KACI, instituteur à Bahlil, nous a adressé sur les cérémonies du mariage en cet endroit d'intéressantes
notes dont on trouvera la substance dans la communication ci-dessous.
Bahlil, à quelques lieues au sud de Fès,
et non loin de Sefrou, est un gros village, de troglodytes, dont les demeures sont creusées au flanc d’un des
premiers contreforts du Moyen Atlas. Les habitants sont les restes de la vieille tribu berbère des Bahloula qui,
installée dans cette région depuis une époque extrêmement ancienne, joua à plusieurs reprises un rôle historique
assez considérable, surtout aux premiers siècles de la conquête musulmane. Les Bahloula passent - et passaient
dès l'époque d'ibn Khaldoun - pour avoir été une tribu judaïsante : on sait qu'on doit accueillir avec réserve de
telles indications. Néanmoins, aujourd'hui encore, les gens de Bahlil ont une singulière vénération pour
le Kef Lihoud, la grotte des Juifs, de Sefrou, que ne fréquentent pas les Musulmans de cette ville
(cf. L. Brunol, Arch. Berbères, t. 111, 1918, fasc. 2. Cultes naturistes à Sefrou) et leurs voisins tiennent
leurs mœurs pour assez particulières ; bref, ils sont considérés, par les indigènes eux-mêmes, comme une population
à part. On trouvera dans ces cérémonies du mariage un mélange de pratiques urbaines et de pratiques campagnardes,
et la survivance de rites berbères très anciens, qui, s’ils n’ont point disparu ailleurs sans tout à fait laisser
de traces, se sont cependant rarement conservés aussi nettement qu'à Bahlil : ainsi la coutume suivant laquelle,
quelques mois après son mariage, l'épouse abandonne son mari et son foyer pour aller passer un an entier dans
son ancienne famille. De telles survivances sont intéressantes à noter dans une région arabophone et aussi
pénétrée par les influences étrangères.
Henri Basset.
🔵 TEXTE : Houcein KACI
🔹 Les gens de Bahlil se marient généralement entre eux, citant à ce propos le proverbe suivant : « Une poule du village est préférable à une perdrix du dehors ». Ils expliquent d’ailleurs cette coutume en disant qu’il serait imprudent de prendre pour femme une étrangère dont on ne connaît ni le passé ni la famille ; tandis qu'avec une fille du village on a toute garantie.
🔹 Contrairement à la coutume ordinaire, c'est le jeune homme lui-même qui adresse la demande aux parents de la jeune fille. Lorsque son choix est fait, il va trouver le père, et lui dit sans autre préambule : « Je serai des tiens à dîner ce soir ». L'autre, qui n’ignore point le sens de cette formule, lui souhaite la bienvenue : « Marhaba bik ! ». Puis il donne des ordres pour le repas du soir, tandis que le jeune homme se retire, et va s’entendre avec deux ou trois tolba qui appuieront sa demande.
🔹 A l'heure dite, le prétendant, suivi de ses compagnons, se présente chez le père. Celui-ci vient à la rencontre de ses hôtes, leur souhaite la bienvenue et les invite à prendre place autour du plateau à thé et du samovar fumant. La conversation s'engage ; on s'entretient des événements du jour, des travaux agricoles, du prix des grains et des légumes, des troupeaux ; on se garde d’aborder le sujet principal. Puis l’on sert le dîner, copieux ; on y fait grand honneur. Ensuite, selon l’usage, le thé reparaît : et c'est alors seulement, au moment où la conversation commence à s’éteindre, que le prétendant prend la parole d’un air grave, et s’adresse en ces termes à son hôte : « Fils d’un tel, tu n’ignores sans doute pas la raison qui nous amène, mes amis et moi ici. Chez toi. Je sais que tu as une fille à marier. Au nom de Mohammed, notre Prophète bien aimé, je demande cette fille en mariage, suivant les préceptes de notre Livre sacré. Tu me connais assez pour savoir qui je suis et à quelle famille j'appartiens ; sois assuré quelle sera en bonnes mains... » Sans lui donner le temps d'achever, les tolba interviennent alors et chantent les louanges de leur protégé, pressant leur hôte de donner son consentement.
🔹 Si le parti est avantageux, le père acquiesce sur le champ, et la fatha est prononcée immédiatement en signe d’accord. Les femmes qui, derrière un rideau, assistent à la scène, chantent et poussent des you-yous retentissants pour annoncer aux voisins que la jeune fille est promise. Mais si, au contraire, le parti n'est pas celui que la famille souhaite, le père remet sa réponse au lendemain, en s’excusant de ne pouvoir trancher la question à lui seul. Cela équivaut généralement à un refus.
🔹 Si la jeune fille est véritablement nubile, elle a été consultée au préalable : ses parents doivent lui demander son consentement ; c’est elle, en définitive, qui accepte ou refuse. Mais si, ce qui est assez fréquent, elle est encore une enfant, elle est soumise entièrement aux ordres de son père, qui peut, de sa propre autorité, la promettre en mariage.
🔹 L'accord de principe une fois conclu, on passe à la discussion de la dot, Celle-ci varie, suivant qu'il s’agit d'une jeune fille, d'une veuve ou d'une divorcée. Pour une jeune fille, le montant est d'ordinaire de 350 à 450 meth-qal, et ne peut dépasser 500, plus deux haïks et deux couvertures de lit (benachgra) ; la dot d’une veuve ou d’une divorcée est quelque peu inférieure, et ne comprend en outre, qu'un haïk et une couverture. Le montant de la dot revenant de droit à la future mariée, et le fiancé n’étant pas tenu de verser cette somme le jour même, on se montre de part et d'autre très conciliant. La discussion est menée d'ordinaire par des amis des deux familles. Après entente, on fait venir deux adoul pour rédiger le contrat ; le fiancé verse alors une partie de la dot, la moitié ou le tiers, ou le quart, voire le dixième ; le reste demeure dû. Nombreux sont ceux qui après vingt ou trente années de mariage ne se sont pas encore acquittés de cette dette envers leur femme. Ce n'est qu’en cas de divorce qu'elle est immédiatement exigible.
🔹 Sitôt ce premier versement, le mariage peut théoriquement être célébré, même si la fiancée n'est pas encore nubile. Dans ce cas, son père a soin de faire signer à son gendre, devant témoins, un contrat par lequel celui-ci s’engage à respecter sa trop jeune femme pendant un certain temps, six mois, par exemple, ou un an, ou davantage : le mari qui transgresserait ce pacte serait cité devant le cadi, condamné à une amende, et même à de la prison. On affirme cependant que de telles fautes sont fréquentes, et qu’on s'arrange généralement moyennant finances.
🔹 Si la fiancée est nubile, le fiancé fixe lui-même la date de la cérémonie. Elle n’a d’ordinaire pas lieu immédiatement, car il faut le temps d’en faire les apprêts. C'est la période des fiançailles, qui durent plus ou moins longtemps. Sitôt agréé, le fiancé envoie à sa future femme un caftan, deux farajia, une paire de babouches brodées, deux draps, un kilo de henné, et quelque parfumerie : tout cela constitue une partie du trousseau, et doit être conservé soigneusement jusqu’au jour du mariage. Et tout le temps que durent les fiançailles, le fiancé, à chaque fête, envoie quelque présent à sa fiancée. De leur côté, les parents de celle-ci doivent lui donner des bijoux : un diadème (sebnia) et un collier (louglada), formés tous deux de nombreuses pièces d'argent, trois foulards de soie, et enfin la fine farajui rituelle qui servira le jour du mariage.
🔹 Tout le temps des fiançailles, la jeune fille ne sort point de la maison. Les frais de la noce incombent pour la plus grande part au futur époux. Un jour avant le début des cérémonies, il envoie chez sa fiancée un taureau, ou plus souvent un mouton, une vingtaine de kilos de beurre et autant de miel, dix mouds de blé et quelques pains de sucre. De son côté, il égorge un taureau, et fait moudre de trente à quarante mouds de blé pour la préparation de montagnes de couscous et d’innombrables galettes. Les fêtes durent trois jours. Le fiancé, pendant ce temps, disparaît. Il passe ces trois jours dans une grotte isolée, entouré de quelques compagnons qu’il a choisis, et qui ne le quittent ni de jour ni de nuit. Il est le Sultan, et ce sont ses vizirs, entièrement dévoués à ses ordres. L’un d’entre eux joue un rôle prépondérant, et doit, s’il est nécessaire, guider son inexpérience.
🔹 Dans les deux familles, les deux premières journées sont consacrées à des réceptions et à des réjouissances. Chacun des trois jours, vers trois heures, on porte solennellement une corbeille de raisins secs à la demeure de la future épouse : c’est tout un cortège composé de femmes, de musiciens et d'une nombreuse assistance. Pendant tout le trajet, les femmes dansent aux sons des tambours et des ghaïta, qu'elles accompagnent de you-yous stridents, sous le voile qui cache leur visage. A l’entrée de la demeure, les cris de joie et la musique des instruments redoublent : c'est un tapage infernal.
🔹 Le soir du deuxième jour a lieu, pour chacun des fiancés séparément, la cérémonie du henné. La jeune fille, chez elle, est assise sur une sorte de fauteuil adossé au mur ; elle est parée de tous ses atours nuptiaux, mais sans bijoux, qu’elle portera seulement au septième jour de son mariage : un drap la cache aux regards de l'assistance, nombreuse, tout le temps qu’on lui applique le henné sur les mains et sur les pieds. Cela fait, parentes et amies défilent devant elle, qui doit rester immobile et muette. Puis, pendant qu’elle demeure toujours impassible, une vieille femme, l’une des plus anciennes connaissances de sa famille, exalte sa beauté, détaillant ses traits un à un ; chaque fois qu'elle reprend haleine, les femmes soulignent ses paroles de you-yous stridents. Enfin, la mère, ou une parente, apporte devant la fiancée une petite table recouverte d'un foulard de soie ; chaque femme à son tour vient y poser une offrande, dont la mère proclame à haute voix le montant en même temps que le nom de la donatrice ; c’est la cérémonie de la taousa ; la somme ainsi recueillie appartient, en propre, à la future épouse.
🔹 Pendant ce temps, une cérémonie analogue, quoique l'assistance soit plus restreinte, se déroule dans la grotte où s'est retiré le fiancé. On le fait asseoir sur un tabouret recouvert d’un petit tapis, le capuchon de son burnous tiré de manière à lui cacher entièrement la figure. Ses amis s'assoient devant lui en un demi-cercle, au centre duquel sont allumés des bougies ; ils chantent des refrains traditionnels, tandis que le vizir applique le henné sur les mains du fiancé, et les enveloppe ensuite dans un linge appartenant à la fiancée. On ne fait pas de taousa.
🔹 Le lendemain est le jour du mariage. Vers quatre heures, un cortège se forme devant la retraite du fiancé : musiciens, femmes, assistants en foule. Le jeune homme sort fraîchement rasé, habillé de ses plus beaux vêtements, de deux burnous dont un blanc et un autre en drap noir ou bleu, la tête et les épaules recouvertes d'un drap blanc ; son capuchon rabattu cache entièrement son visage aux regards des envieux. On le hisse sur un cheval richement harnaché, et il parcourt, à très lente allure, les rues et les ruelles escarpées de ce village de troglodytes. Derrière lui les musiciens font rage, mêlés à une foule de danseuses qui les forcent à s’arrêter souvent ; et les hommes, dans le cortège, tirent des coups de fusil. On arrive enfin devant une grotte voisine de celle qui sera la demeure des nouveaux époux ; on y fait entrer le jeune homme en attendant que sa fiancée soit amenée dans la grotte nuptiale.
🔹 On attend pour cela la nuit, après le repas du soir, vers dix heures. Les parents et les amis du marié vont alors à la demeure de la future épouse, pour l'emmener. Il est bon qu'elle simule la résistance, qu’elle se refuse à quitter d'elle-même son logis et sa famille. Des femmes la prennent sous les bras, lui disent des paroles d’encouragement ; et à la lueur des torches, un cortège analogue à celui de l’après-midi l'emmène lentement, au milieu des chants et des you-yous. Lorsqu’on est arrivé, une femme prend la mariée sur son dos, et sans lui laisser franchir elle-même, le seuil, va la déposer sur la couche nuptiale : une natte sur laquelle on a étendu les deux couvertures du trousseau et un coussin. Les assistants se retirent ; le marié est introduit ; et l’usage veut que l’épouse ne succombe qu’après une nouvelle lutte simulée.
🔹 L’union accomplie, le marié s’esquive et va se cacher dans la grotte voisine. Quatre coups de feu signalent sa fuite. Alors, parentes et voisines se précipitent dans la chambre nuptiale ; la mère s’empare de la farajia ensanglantée, la montre, puis sortant, la promène triomphalement à travers tout le village, suivie de tous les musiciens, de tous les assistants poussant des clameurs de joie, frappant sur les instruments, tirant des coups de feu ; on exhibe fièrement la chemise à tout venant. Puis on la laisse exposée pendant trois jours avant que la mère, l’ayant lavée, la rapporte à sa fille.
🔹 Si la mariée n’est point trouvée vierge, le marié peut faire venir sur le champ deux adoul, et après constatation faite par l'arifa, obtenir d’eux la prononciation immédiate du divorce. Les parents de la mariée sont alors tenus de rembourser tous les frais de la noce ; et leur fille, couverte de honte, ne peut que disparaître du pays ; on dit même que certains parents n’hésitent pas à la mettre à mort. Cependant de tels scandales sont rares, car l’argent les étouffe aisément.
🔹 Les cinq premiers jours qui suivent le mariage, le nouveau marié ne peut pénétrer chez sa femme que la nuit, à une heure avancée. Il continue à passer ses journées dans la grotte voisine en compagnie de ses vizirs, qui prennent avec lui leurs repas. Pendant quatre jours de suite, il perçoit de chacun d’eux une taousa de quinze à vingt francs : il est toujours le Sultan. Le cinquième jour, il abdique, offre un somptueux repas à ses vizirs, et chacun rentre chez soi.
🔹 Le sixième jour, cérémonie analogue, mais pour les femmes. Toutes celles qui ont offert un cadeau à la nouvelle, mariée sont invitées chez elle. On leur offre un mets nommé rfisa ou trid, sortes de crêpes extrêmement minces, cuites au beurre, et servies avec du miel, des noix et du raisin sec. Ce n’est point la jeune femme qui fait elle-même les honneurs ; car jusqu’au septième jour, elle ne doit pas quitter son lit. Elle est soignée, seulement par sa mère, et ne peut recevoir aucune visite, sauf des parents extrêmement proches, jusqu’à ce sixième jour, où elle assiste, couchée, immobile et muette, à ce repas donné en son honneur.
🔹 Le septième jour, enfin, une dernière fête clôt les cérémonies du mariage. Dès le matin, la mère de la mariée, aidée de deux ou trois matrones, vient chez sa fille ; elle la baigne, lui teint en noir les cils et les sourcils, et lui met le henné aux mains. Puis la jeune femme se revêt elle-même de ses vêtements nuptiaux et de ses bijoux. Pendant ce temps, les femmes du voisinage se rassemblent dans la pièce à côté. Et lorsque la mariée sort enfin, habillée, fardée, parfumée et souriante, c’est un concert de cris de joie auxquels ne tarde pas à se mêler le bruit des instruments ; au milieu des you-you stridents et prolongés, les musiciennes chantent en signe d'allégresse de vieux refrains d'amour. La jeune femme baise la tête de chacune d’elles ; puis on offre le thé aux assistantes. Après quoi, chaque femme s’en va, souhaitant bonheur et prospérité à la nouvelle épouse. Celle-ci, désormais, entre dans son rôle de maîtresse de maison, et le ménage, définitivement constitué, commence à vivre d'une vie normale.
🔹 Cependant tous les rites ne sont pas encore accomplis. Au bout de trois mois exactement, les parents de la jeune femme lui envoient vingt poules vivantes, et cent cinquante à deux cents oeufs. Puis deux mois après, nouvel envoi : un énorme quartier de mouton, vingt galettes et cent oeufs. C’est un signal : dix jours plus tard, la jeune femme doit abandonner son époux pour aller passer encore une année entière dans son ancienne famille. Elle s’en va le soir, accompagnée de sa belle-mère ou d'une autre parente de son mari ; elle sera pour celui-ci, tout ce temps, comme une étrangère ; il ne la verra même pas. Elle reste dans une claustration absolue, étroitement surveillée par ses parents et aussi par quelque vieille femme, chargée discrètement de ce soin par son mari. Celui-ci, l’année écoulée, doit envoyer à sa belle-famille autant de présents qu'il en a reçus : sa femme lui est alors rendue, et parfois avec un petit enfant né pendant cette longue séparation, elle vient reprendre sa place au foyer conjugal qu'elle ne quittera plus désormais. L'on ne donne aucune explication de cette épreuve : l'on se contente d’invoquer la coutume.
🔹 Pendant les quelques années qui suivent son mariage, la femme jouit d'une liberté très relative : comme dans
les villes, elle ne sort point, ou très peu. Ce n’est que quand elle aura eu plusieurs enfants, ou qu'elle
commencera à se faner, qu'elle sera affranchie de celte règle.
A de rares exceptions près, les habitants de Bahlil ne sont pas polygames.
Houcein KACI - 1921
🔹 A découvrir, par ailleurs, d'Henri BASSET : Le Culte des Grottes au Maroc.
🔵 TEXTE : Houcein KACI
🔹 Le district de Bhalil - ou Behalil - que dirige le kaïd Bahlili fait partie du cercle de Sefrou. Ce dernier centre est à six lieues Sud-Est de Fez. Ses jardins verdoyants forment avec ceux du Zer'houn une fertile et riche ceinture qui entoure Fez et lui prodigue fruits et légumes. D'abondantes sources alimentent ces jardins merveilleux qui font de Sefrou un Eden marocain. Sur le versant du djorf, aux sept sources, qui domine Sefrou est le tombeau du Santon Sidi Bou Serghine lequel est un lieu de pèlerinage que fréquentaient même les sultans. On cite encore la visite qu'y fit en 1179 la maîtresse du palais impérial, La Moulat Fathima bent Soléimane, venue de Marrakech : et immolant plusieurs taureaux et distribuant des aumônes.
🔹 Quant à El Bhalil c'est un centre important et prospère, situé en contre-bas des monts portant le même nom. D'après la "Reconnaissance du Maroc" une colonnie chrétienne occupant cette région au moment de la conquête musulmane et des vestiges romains y existent encore, appartenant sans doute à la même époque que Volubilis : mais nous n'avons pu nous rendre compte de cette particularité, étant très limités comme temps.
🔹 Le Kaïd Bahlili, est fils de Idris Ben Dahmane-Taleb ben Taleb-Mohamed ben Ahmed ben Abd Allah ben Ibrahim ben Ali ben Othmane originaire de Skounda (Schounda) mais les ancêtres se sont installés, il y a quatre siècles environ, à Kaçba Bhalil qui est devenue la demeure familiale.
🔹 Depuis, tous les chefs de cette famille, étant donné leur caractère d'arabes et, partant, leur influence, commandèrent dans cette région ; ils remplirent même des fonctions très en vue, notamment celles de nadhir des habous (contrôleur des biens de mainmorte). De tous temps, ils exercèrent une réelle influence sur les Oulad Sidi-Rhazi dits Mrabthïine parce que descendants des Almoravides ; certains d'entre eux furent même des savants régionaux tels que : Thaleb-Mohammed et son fils Dahmane-Thaleb, lesquels préparèrent deux générations d'étudiants dont plusieurs fréquentaient Karaouïine.
🔹 Dahmane-Thaleb mourut fort vieux il y a soixante ans environ et reçut la sépulture au cimetière Asfalo de Bahlil qui est la nécropole familiale. Il laissait un fils Idris qui avait appris auprès de lui et qui devint un vaillant cheikh makhzène partageant son temps et ses efforts entre ses gens et ses cultures. Il mourut en 1304-1886 à soixante-cinq ans environ.
🔹 Parmi ses enfants étaient ; Mohammed-elkbir ; Kacem ; Dahmane et Ali. Le kaïd Kacem est né en 1287 à Bahlil, il étudia auprès de Cheikh Abou l'Kacem el Haouari, puis fut nommé Kaïd-mïa en 1306 sous Moulaî-Hassène. Il prit part avec les mehallas impériales à plusieurs expéditions et possède un dahir de commandement de ce souverain qu'il accompagna en Tafilalet en 1311, assistant à sa mort à Dar-Zidah près d'El Bouroudj du Tadla.
🔹 Lors de l'avènement du sultan Moulaï-Abdelaziz, le Kaid Kacem fut nommé Khélifa du Tabor à la tête de soixante-dix cavaliers et des mouchate (marcheurs, fantassins, du verbe mcha, marcher) : puis, comme Kaïd-reha il prit part aux opérations contre Raïssouli seigneur du Rif Occidental, avec le Kbir el mehalla, El Baghdadi.Rappelé par le makhzène, en Maroc oriental, il poursuivit Bou-Hamara et demeura de nombreux mois en campagne.
🔹 Ensuite des évènements de Fèz, le kaïd Bahlili "tourna au gré des circonstances : elhadjate dourat, nous dit-il" et seconda les Colonnes Brémont et Mangin. En 1329-1911 il fut nommé kaïd commandant le centre de Bahlil et la région, bien que conservant le titre de Kaïd-reha, ayant sous ses ordres des Hayaïna : des Oulad-Elhadj du Saïs et des Oulad-Seljâa.
🔹 Lors de la dernière guerre du Rif, le kaïd Bahlili prit part aux opérations dans les Haiaina ; Bni Ourirhène et
Fechtala. Il fut pour sa bravoure fait Chevalier de la Légion d'Honneur et est titulaire de la Médaille Coloniale
et du Mérite Chérifien. Bon cultivateur et éleveur avisé il est en outre Officier du Mérite agricole. Ses fils sont :
Mohammed, actuellement, sous-lieutenant, au 2ème spahis réguliers marocains, sur le front de Taznakht,
brave officier d'avenir.
Ahmed qui étudia à l'école arabe-française.
M'hammed également élève de la même école, esprit éveillé, d'un grand sens artistique qui ne manque pas de nous
faire admirer la beauté du paysage s'étendant à perte de vue, et nous signalant la solide architecture des maisons
de ce village blanc et propre que surmonte l'un des plus vieux minarets de la région donnant asile à d'innombrables
pigeons, corneilles, tiercelets (bouamara) etc...
Thami, un joyeux garçonnet se débattant encore dans les sourates du Livre.
SEFROU - BAHLIL, Le 23 avril 1931. Houcein KACI
🔵 Par Louis BRUNOT - 1931
🔹 Les Cultes Naturistes à Sefrou - Archives Berbères T3, 1918, fasc.2
L. BRUNOT : Docteur ès lettres - Pédagogue - Directeur de l'Institut des hautes études marocaines -
Chef du bureau de l'enseignement des indigènes à la Direction générale de l'instruction publique
du Maroc (1882-1965).
Dans cette article, on parle aussi de Bhalil, de Kaf Lihoud...
Le plus simple est de se rabattre directement sur le pdf en question :
Les Cultes Naturistes à Sefrou.
C'est un pdf libre de droit, comme l'indique la source suivante :
Cité Numérique de la Méditérranée.
🔹 Le dimanche 8 Avril 1951 un article sur Bhalil est apparu dans le journal « le Petit Marocain ». Dans cet article, le journaliste André PAPAIX nous parle un peu d'histoire du village et du "statut" de la femme à Bhalil. On y découvre une étrange tradition concernant la protection des hommes par les femmes... On dirait un monde à l'envers ! L'original du document, c'est à dire le journal lui même, est disponible en format pdf et version OCR sur le site de Gallica : la bibliothèque numérique de la BNF (Bibloithèque Nationale de France). Comme pour les articles sur « Le Combat de Bhalil ». L'exploitation des journaux est évidemment possible sous leur forme initiale brute. Mais on perd au niveau de la présentation et de l'esthétique. Le pdf d'une page présenté en lien ci-dessous a été réalisé après un laborieux travail de montage dépassant largement les 4 heures malgré son petit poids. Pour les amateurs de ce type de travail, sachez qu'il faudrait passer par Photoshop, Canva, Word et compagnie. Actuellement, une ou plusieurs versions orales (et non documentées) de cette curieuse tradition circulent à Bhalil. Malgré la divergence dans les récits, il est presque certain qu'elle a réellement existé. Aussi on ne connait pas son origine exacte. Mais il est fort possible qu'elle soit religieuse. Pour en savoir plus sur cette mystérieuse tradition largement inconnue voire méconnue, je vous laisse lire le document en question en cliquant sur le titre de l'article : « Le Criminel est protégé ».
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